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dimanche 17 juillet 2011

Croquis de femmes, place du Tertre


PLACE DU TERTRE
Et moi, je pensais à Montmartre.
Tu te rappelles ce printemps
Qui était si beau, l’autre année ?
Ces crépuscules longs et tendres
Comme le cri d’un train au nord ?
Tu sais, quand nous allions dîner
Sous les arbres, place du Tertre ?
Des jeux d’enfants, des cris d’enfants
Étaient le monde autour de nous.
Alors il suffisait d’entendre
Une voix au bout de la place ;
Il suffisait même de voir
Une branche plus haut qu’un mur,
Pour se dire que le bonheur
Venait de passer quelque part,
Et qu’en se dépêchant, peut-être
On le rattraperait encore.
 (Jules Romains – Le voyage des amants – 1920)

Juillet 2011 à Paris Place du Tertre. Que sont devenus les artistes parisiens de la place du Tertre ?

Ils ont fui la souillure des murs devenus obscènes, les malheureux lampadaires écorchés aux charmes éteints par des tags, les ordures sur des pavés d'histoire, un monde de bruits sourds...
Les jeux de ballons de Titis parisiens sortis de la mémoire de ma grande-Tante ont désertés mon imagination. Seuls les mots des poètes ravivent ces ombres.

Il m'a été impossible de photographier ces lieux tant la saleté les recouvre. Seuls des clichés cadrés serrés sur un dessin particulièrement réussi et des modèles de femmes font l'objet de cette petite série de photos. Mais avant de les regarder, je vous propose en lecture deux anecdotes semblables qui marquent l'air du temps :

Des portraitistes vagabonds, affichent la couleur indéfinie de la diversité invasive. Ils offrent une anamorphose d'un folklore parisien fantasmé par des touristes aux mille et une langues. 

Aux abords de la place du Tertre, dans une ruelle bordée d'étals pour touristes, l'un d'eux, le sourire aux lèvres, m'interpelle et me demande : "Quelle est votre nationalité ?" Je lui réponds, "je suis Parisienne", en pensant éviter la question subsidiaire. Une image instantanée se présente sous mes yeux : un choc neuronal électrise sa face qui brutalement s'éteint et coupe son sourire dans un court-circuit émotionnel. Les traits usés de son visage d'étrange parisien, tels des fils s'entremêlent. Son corps se fige sur place. Au milieu de la rue, en plein désarroi, je le regarde, étonnée de l'effet que produit sur lui ma simple réponse. 
Je fais quelques pas et m'éloigne, mais il me rattrape et m'interpelle à nouveau. Je me retourne et l'entends me demander... "Vous êtes Française ?" Le doute ou l'impossibilité d'entendre ma réponse, le pousse à me questionner à nouveau. "Oui, lui dis-je, Française ET Parisienne" en appuyant sur le "ET".

Si je lui avais dit que mes origines étaient bretonnes, aurait-il eu des doutes sur ma nationalité ? ...peut-être. Si je lui avais répondu "Oui, je suis Française", m'aurait-il questionné sur mes origines ? L'artiste suivant apporte la réponse.

Au centre de la place, d'autres portraitistes, en grand nombre, portent les traits des visages fixes des hommes de l'Orient éternel.  

En pleine prise de vue, j'entends à ma gauche près de mon oreille, un caricaturiste me poser la même question, à laquelle je fais la même réponse : "Je suis Parisienne". Il réagit par un "Ah bon, vraiment ?" Sa voix cassée d'étonnement, comme un faible écho sort d'un gouffre. Feignant l'indifférence, pour apporter une note de banalité à ma réponse, je porte l'objectif de mon appareil à mes yeux tout en posant ma voix pour lui répondre : "oui, je suis Parisienne et Française". "Mais vous auriez pu être Américaine d'origine Française" me supplie-t-il ? "Oui, j'aurais pu, mais ce n'est pas le cas" lui dis-je, comme déchirant un voile...










mercredi 13 juillet 2011

Vivian Maier a “street photography”


Née à New York dans les années 20 de parents français et autrichien, Vivian Maier était un personnage très discret, puisque personne n’a jamais soupçonné de son vivant qu’elle s’adonnait, parallèlement à son emploi de nourrice, à sa grande passion : la photographie de rue. Des années 50 aux années 90 du dernier siècle, elle posait son regard profondément humaniste sur Chicago et New York, accumulant plus de 100.000 photos, fixées pour la plupart sur des pellicules moyen format. 

N’ayant jamais montré ses images à personne, le travail de longue haleine de Vivian Maier est resté dans l’anonymat jusqu’à la fin de sa vie et n’a été découvert que par hasard, lors d’une vente à enchères. John Maloof, agent immobilier de son état, acheta en 2009, pour un prix dérisoire de 400 dollars, plusieurs cartons remplis de photos, négatifs et appareils photo, issus d’un box de stockage dont la propriétaire ne pouvait plus payer le loyer. Parmi des milliers de négatifs et des centaines de photos, se trouvaient aussi plusieurs milliers de bobines 120 pas encore développés.  

Intrigué par la puissance et la qualité des photos, John Maloof commença très vite à s’intéresser de plus près au contenu des cartons et dénicha peu à peu quelques indices sur la vie et le travail de cette mystérieuse femme. Mais malheureusement, ses recherches ne lui permirent pas de rencontrer Vivian Maier. Décidé de la contacter pour une rencontre, il découvrit sa nécrologie sur le Web. La photographe venait de mourir en avril 2009, emportant avec elle de nombreux secrets et des questions qui resteront sans réponses. Il s’agissait de seulement quelques jours… 
 
Depuis, John Maloof est investi de la mission de sa vie : sauver le travail de Vivian, qui n’avait laissé d’héritier légal, de l’oubli et le préparer pour la postérité. La photographe ne possédait que peu de tirages et la plus grande partie de son travail a été fixé sur plus de 100.000 négatifs noir et blanc, soigneusement classés et légendes dans des classeurs à feuilles, 20.000 diapositives couleur et surtout plusieurs milliers de rouleaux 120, qu’il a fallu développer pour en examiner le contenu. Seulement au bout d’interminables heures passées à développer et à numériser des films, l’acheteur commença à prendre la mesure de l’ampleur et de la qualité de l’oeuvre qu’il a réussi à faire connaître, d’abord via une page Flickr, puis un blogue dédié à Vivian Maier. Notez que John Maloof n’est pas le seul à posséder des photos de la photographe : Jeff Goldstein possède 12.000 négatifs, 700 tirages, 20 films et de nombreuses diapositives. 

Vivian Maier photographiait surtout des gens dans la rue. Elle posait son regard sur des promeneurs, travailleurs, femmes au foyer et commerçants, mais elle entretenait une passion particulière avec les enfants et leurs jeux. Parfois curieux, parfois assez distant, l’appareil a saisi des regards très variés et témoignant de la diversité des gens. Malgré leur spontanéité, les portraits de Vivian captent toujours l’essentiel, leur composition étant toujours rigoureuse. 

Cette surdouée de la photographie de rue trouve enfin, deux ans après sa mort, une consécration mondiale : un livre et un documentaire sont attendus pour bientôt et deux galeries, une à Chicago et une autre à Hambourg, exposent actuellement des extraits de son travail.

mardi 12 juillet 2011

En haut de l'Etoile, sur les Champs-Elysées

Lundi 11 juillet 2011, vers 21h30, je lance à mon époux : je sors faire une photo, "la bonne !" Je voulais dire, si j'arrive à en faire une seule de correcte, je n'aurais pas perdu mon temps, car même avec un excellent appareil, faire de la photo la nuit, est un exercice pas si facile. 
Une lune discrète reflétait la lumière tombante devenue bleue.
Les jets de lumières artificielles sortant des vitrines disparaissaient au contact de  sombres silhouettes étrangères (le noir absorbe la lumière, il ne la reflète pas). 
Le ciel décidément m'a distrait. Il y a peu de visages sur mes photos, pourtant ce soir là, l'Orient et l'Asie s'étaient donnés rendez-vous sur les Champs-Elysées. 
Très peu de visages, donc, et un choix de photos très limité pour cette page... 
J'y retournerai, c'est sûr !