mardi 26 juillet 2011

Eglise Saint-Eustache

"Il y a bien dans tout cet intérieur une affectation théâtrale, le désir évident de surprendre, et, si ce vaisseau était entièrement recouvert de peintures, si les fenêtres étaient garnies de vitraux légèrement coloriés, l'intérieur de l'église Saint-Eustache aurait toute l'apparence d'un palais de fées, sinon d'une église catholique." 
Eugène Viollet-Le-Duc (1814-1879).

L'église de Saint-Eustache fut construite de 1532 à 1640. Unique en son genre, son plan est celui d'une cathédrale gothique, tandis que sa décoration est Renaissance.
A l'origine :
En 1213, un bourgeois de Paris, Jean Alais, chef des joueurs de mystères, prêta au roi Philippe Auguste une importante somme d'argent. Pour le rembourser, le roi l'autorisa à prélever un denier sur chaque panier de poisson que l'on vendait aux Halles, dont les deux premiers bâtiments avaient été bâtis par lui en 1181, pour abriter les drapiers et les tisserands. La recette devint telle que Jean Alais, selon l'usage de l'époque, fonda une chapelle en remerciement de sa bonne fortune, dédiée à sainte Agnès, une jeune vierge de Palerme martyrisée à Rome au 4e siècle, à l'emplacement du chœur de l'actuel bâtiment. C'est la première mention connue d'une église à cet emplacement.
En 1223, la chapelle acquit le statut d'église, puis devint église paroissiale en 1303, dédiée à saint Eustache, dont la basilique de Saint-Denis lui avait offert une relique.
L'église Saint-Eustache fut depuis lors l'église des Halles. Le commerce se tenait primitivement autour du Châtelet, mais vers 1135, l'espace manquant, cette activité est déplacée sur la rive droite de la Seine, près de la fontaine des Innocents, au lieu dit des Champeaux. En 1265, Louis IX (saint Louis) ajouta deux bâtiments à ceux de son grand-père, pour la vente du poisson, frais ou salé, qui était livré par les rues adjacentes des Poissonniers, des Petits-Carreaux ou encore Montorgueil. Ce carrefour était au Moyen Age le plus animé du marché, centre de la vie sociale.

Les Halles :
Entre 1434 et 1495, l'église fut agrandie, grâce aux marchands du quartier, et devint à cette époque l'une des plus grandes et riches paroisses de Paris.
Mais il fallait encore agrandir l'édifice, et le 9 août 1532, Jean de la Barre, prévôt de Paris, posa la première pierre de l'édifice actuel.
En 1665, Colbert, premier marguillier de la paroisse fit construire deux nouvelles chapelles sous la façade, décorées par Mignard et de Lafosse. Ces travaux fragilisèrent la façade, d'ailleurs inachevée, qui fut abattue. Colbert fit une donation pour la rénover, mais le clergé de cette époque mit de nombreuses années à réaliser les travaux, ayant préféré placer cette somme plutôt que de la dépenser. Les travaux démarrèrent en 1754, inaugurés par le duc de Chartres, futur Philippe-Egalité.
Continuée par Moreau-Desproux, la nouvelle façade demeura également inachevée, et perdure aujourd'hui, malgré des projets d'architectes célèbres comme du Cerceau, Levau et Baltard, et une intervention sur la tour sud en 1971.

La Révolution :
Pendant la Révolution, l'église fut fermée (1793-1795) et transformée en Temple de l'Agriculture. En 1795, elle fut concédée en partie aux théophilanthropes. La chapelle de la Vierge fut restaurée en 1804 car elle menaçait de tomber en ruine. Elle fut achevée pour la visite du pape Pie VII, à Paris à l'occasion du sacre de Napoléon. Cette chapelle comporte un important cycle de peinture du peintre Couture.
En 1844, l'orgue fut incendié, ainsi que la chaire et les trois premières travées de la nef. La restauration dirigée par Baltard permit de redécouvrir les peintures murales du 17e siècle, qui avaient été cachées par un badigeon blanc au 18e siècle.

La Commune de 1871 occasionna d'importants dégâts au campanile, appelé Pointe Saint-Eustache, ainsi qu'à la chapelle de la Vierge. Il fallut également consolider les combles et les contreforts. C'est la dernière reconstruction d'ampleur que l'église ait subi.
















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