Née à New York dans les années 20 de parents français et autrichien, Vivian Maier était un personnage très discret, puisque personne n’a jamais soupçonné de son vivant qu’elle s’adonnait, parallèlement à son emploi de nourrice, à sa grande passion : la photographie de rue. Des années 50 aux années 90 du dernier siècle, elle posait son regard profondément humaniste sur Chicago et New York, accumulant plus de 100.000 photos, fixées pour la plupart sur des pellicules moyen format.
N’ayant jamais montré ses images à personne, le travail de longue haleine de Vivian Maier est resté dans l’anonymat jusqu’à la fin de sa vie et n’a été découvert que par hasard, lors d’une vente à enchères. John Maloof, agent immobilier de son état, acheta en 2009, pour un prix dérisoire de 400 dollars, plusieurs cartons remplis de photos, négatifs et appareils photo, issus d’un box de stockage dont la propriétaire ne pouvait plus payer le loyer. Parmi des milliers de négatifs et des centaines de photos, se trouvaient aussi plusieurs milliers de bobines 120 pas encore développés.
Intrigué par la puissance et la qualité des photos, John Maloof commença très vite à s’intéresser de plus près au contenu des cartons et dénicha peu à peu quelques indices sur la vie et le travail de cette mystérieuse femme. Mais malheureusement, ses recherches ne lui permirent pas de rencontrer Vivian Maier. Décidé de la contacter pour une rencontre, il découvrit sa nécrologie sur le Web. La photographe venait de mourir en avril 2009, emportant avec elle de nombreux secrets et des questions qui resteront sans réponses. Il s’agissait de seulement quelques jours…
Depuis, John Maloof est investi de la mission de sa vie : sauver le travail de Vivian, qui n’avait laissé d’héritier légal, de l’oubli et le préparer pour la postérité. La photographe ne possédait que peu de tirages et la plus grande partie de son travail a été fixé sur plus de 100.000 négatifs noir et blanc, soigneusement classés et légendes dans des classeurs à feuilles, 20.000 diapositives couleur et surtout plusieurs milliers de rouleaux 120, qu’il a fallu développer pour en examiner le contenu. Seulement au bout d’interminables heures passées à développer et à numériser des films, l’acheteur commença à prendre la mesure de l’ampleur et de la qualité de l’oeuvre qu’il a réussi à faire connaître, d’abord via une page Flickr, puis un blogue dédié à Vivian Maier. Notez que John Maloof n’est pas le seul à posséder des photos de la photographe : Jeff Goldstein possède 12.000 négatifs, 700 tirages, 20 films et de nombreuses diapositives.
Vivian Maier photographiait surtout des gens dans la rue. Elle posait son regard sur des promeneurs, travailleurs, femmes au foyer et commerçants, mais elle entretenait une passion particulière avec les enfants et leurs jeux. Parfois curieux, parfois assez distant, l’appareil a saisi des regards très variés et témoignant de la diversité des gens. Malgré leur spontanéité, les portraits de Vivian captent toujours l’essentiel, leur composition étant toujours rigoureuse.
Cette surdouée de la photographie de rue trouve enfin, deux ans après sa mort, une consécration mondiale : un livre et un documentaire sont attendus pour bientôt et deux galeries, une à Chicago et une autre à Hambourg, exposent actuellement des extraits de son travail.
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